L'assistanat de la France d'en haut

Hier, @jmboudon a tweeté un lien de l'Observatoire des Inégalités.

Nicolas Sarkozy qui a fait de l'assistanat sa bête noire, son bouc-émissaire, ne cesse de nous rebattre les oreilles depuis plusieurs semaines avec celles et ceux qui profitent du système, qui s'en mettent plein les poches tout en étant de grosse feignasses assistées qui refusent de bosser.

Bon, OK, il le dit pas vraiment comme ça, mais au fond de son cerveau, c'est un peu formulé ainsi hein.

Mais comme le rappelle l'Observatoire des Inégalités:
"La France est pour partie un pays 'd’assistĂ©s'. Dans l’immense majoritĂ© des cas, il s’agit d’aider les plus dĂ©munis Ă  ne pas verser dans la misère. Mais le soutien de la collectivitĂ© ne se rĂ©sume pas aux plus pauvres, loin s’en faut. Le problème, c’est qu’en haut de la hiĂ©rarchie sociale, on se permet de faire la leçon Ă  une France qui peine Ă  boucler ses fins de mois".

En effet, contrairement aux idées reçues particulièrement répandues à droite, les "pauvres" ne sont pas les seuls à bénéficier du système (retraites, soins, ARE, allocations, familiales...etc).

Ce système de solidarité ou d'"État-Providence" pour reprendre l'expression consacrée du XIXe siècle, profite également aux catégories les plus aisées.
Est-il nécessaire de rappeler à Nicolas Sarkozy que parmi les retraités et les chômeurs, il n'y a pas que des "gens de la France d'en bas"?

Voici donc une liste non-exhaustive des avantages fiscaux et sociaux des assistés de la France d'en haut:
  • RĂ©ductions d’impĂ´t (aussi appelĂ©es "niches fiscales") qui vont coĂ»ter en 2012 66 milliards d’euros Ă  la collectivitĂ© en pertes de recettes fiscales.
  • L’Ă©cole: compte tenu des inĂ©galitĂ©s sociales qui existent dans l’enseignement supĂ©rieur, l’État dĂ©pense bien davantage pour les enfants de cadres supĂ©rieurs que pour ceux d’ouvriers.
  • Des voitures de fonction Ă  usage personnel aux invitations (concerts, spectacles, reprĂ©sentations sportives, etc.).
  • Des bonus en veux-tu en voilĂ .
  • Sans compter que les plus riches bĂ©nĂ©ficient des allocations familiales au mĂŞme titre que les plus pauvres.
"A l’opposĂ©, on oublie très souvent qu’une partie des bĂ©nĂ©ficiaires potentiels ne demande rien et rase les murs pour ne pas ĂŞtre stigmatisĂ©e. Seulement 32 % des mĂ©nages pouvant bĂ©nĂ©ficier du RSA activitĂ© y ont recours et 65 % des potentiels rmistes (RSA de base), laissant ainsi près de 2 milliards d’euros inemployĂ©s au budget de l’Etat, d’après le rapport du comitĂ© d’Ă©valuation du RSA. De mĂŞme, 1,7 million de personnes ne recouraient pas Ă  la CMU complĂ©mentaire Ă  laquelle ils ont droit (voir notre article sur le non recours). La complexitĂ© des dĂ©marches et les discours culpabilisants sur les « assistĂ©s » y sont pour beaucoup". (source)
 
Finalement, nous sommes tous-tes des assistĂ©-e-s. Et les plus "profiteurs-es" ne sont pas forcĂ©ment celles et ceux auxquels on pense habituellement. 
 
Cette dénonciation de l'assistanat des couches sociales les plus basses est en fait devenue une stigmatisation radicale. Elle est non seulement "inacceptable moralement", mais elle est également "politiquement risquée".

Et elle revêt aussi un caractère populiste qui fait les choux gras de l'extrême-droite. Et sur ce terrain-là, le match est serré entre l'UMP et le FN.
 
Alors?
 
LibertĂ© - ÉgalitĂ© - FraternitĂ© 
Vous en êtes sûr-e-s?

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